De rebondissements en rebondissements, il me semble logique de rebondir jusqu'à l'origine de l'affaire.
Les racines de ce dossier se situe au niveau de l'ancien Crédit Lyonnais et plus précisément sa filiale SDBO,ceci date de l'époque peu glorieuse de Monsieur HABERER, président en son temps de cette banque.
1-Monsieur HABERER a souhaité pratiquer la "Banque-Industrie", avec tous les risques que cela comporte.
Quand le trop plein de sinistres a été fait et que la banque était au bord de l'écroulement, très classiquement le CDR "consortium de réalisation", a été créé pour alléger le Crédit Lyonnais de ses affaires scabreuses et pourries.
Dans le choix de la défaisance, la gouvernance du Crédit Lyonnais a commis une énorme "maldonne"(une de plus!).
Cette "maldonne" est carractérisée par une absence de "vista"à moyen terme de la part des décideurs de l'époque.
Le scénario est assez extravaguant:
Acte 1:
Monsieur TAPIE possède un Groupe constitué d'une miriade de Sociétés dont une bonne partie était des "canards boiteux", le tout soutenu par la SDBO (filiale du Crédit Lyonnais).
Acte 2: La SDBO très "engagée" se met à trembler quand Monsieur TAPIE est à peine inquiet, bien que sachant son groupe en difficulté.
Acte 3: Bernard TAPIE, homme de combat, nanti de l'art de savoir persuader,excellent connaisseur des systèmes financiers qui permettent de constituer un Groupe ou de le sortir de ces difficultés,décide d'aller à la "chasse" d'une pépite à forte valeur ajoutée.
Acte 4: Les dirigeants du Crédit Lyonnais commençant à avoir comme on dit familièrement, "l'arrière du pantalon un peu lourd", plus le temps passe, décident de retirer leur soutien au Groupe TAPIE.
Acte 5:
Voilà que Bernard TAPIE apporte soudainement dans la "corbeille" un "actif" qui est une vraie "truffe"..............ADIDAS.
Acte 6:
Petit problème: la "truffe" a besoin d'un peu de "vitamines" pour s'épanouir.
Bernard TAPIE se tourne très naturellement vers le Crédit Lyonnais, lui demandant de concourir financièrement, la réponse ne tardera pas: c'est "NIET".
Pourquoi "NIET", alors que Monsieur TAPIE a trouvé et mis en oeuvre, pour le "moyen terme",la solution pour désendetter tout le Groupe et le cas échéant le relancer.
En somme il proposait le "bonheur" à son banquier, moyennant il est vrai, une rallonge financière.
Ce bonheur s'appelait ADIDAS et n'était donc pas une chimère.
Acte 7:
Bernard TAPIE se démène, met en oeuvre tout son "savoir faire", crée un "tour de table"et achète ADIDAS.(bravo,l'affaire de sa vie!)
Il relance la Société tant soit peu,est "trop court" en capitaux pour investir les montants nécessaires au bon redéploiement d'ADIDAS.
Acte 8:
Le Crédit Lyonnais coupe brutalement tout financement à Monsieur TAPIE alors que la "truffe" (ADIDAS)commence à s'épanouir.
Acte 9:
le banquier se lèche les babines, regarde avec des yeux de merland frit le Groupe TAPIE se désintégrer, en ayant à l'inverse les yeux de Chimère pour la truffe ADIDAS, (à nous la bonne soupe).
Acte 10:
Comment procéder?
Pas simple si l'on respecte toute la législation en vigueur, tant sur le plan du Droit des Sociétés qu'en Matière Fiscale.
La solution:
On "laisse tomber"TAPIE et son Groupe, quitte à le léser!
On fait abstraction de toutes les contraintes du Droit Français sur les Sociétés, on gomme l'aspect fiscal en ayant recours à des Paradis Fiscaux dont dispose la Banque.
On met la main sur ADIDAS,on vend le tout à Robert Louis Dreyfuss pour l'un ou l'autre milliard, on passe par un "Paradis fiscal" pour éviter la taxation due à l'Etat français et avec ces fonds on renfloue un peu le Crédit Lyonnais, qui n'est autre que l'Etat.(à l'époque).
le montant de la transaction reste de surcroît totalement secret.
Qui a "touché", qui n'a pas "touché", seul le diable le sait!!
Tout cela s'est passé dans des salons bien "feutrés"aux moquettes épaisses!(à ce stade TAPIE n'existe plus).
Acte 11: intitulé: "l'arroseur arrosé"
Au bord du lac Léman, par une journée ensoleillée, tout sourire,quelques 5 ou 6 personnes, banquiers de leur état,se lèchent les babines,s'essuient avec leur serviettes blanches la bouche pour mieux apprécier en fin de repas, le cognac XO servi par un maître d'hotel en gangs blancs.
La table a été dressée un peu à l'écart dans le parc de l'hostellerie, discrétion oblige,ce qui permet de s'esclaffer un peu, bien que cela ne soit pas le genre de la "maison".
Qu'entend-t-on?
"dans ce coup nous avons été excellents".
"Le père TAPIE est down".
"A "Bercy" on leur a administré un petit somnifère, cela n'a jamais tué personne".
"TAPIE est fort, mais là on l'a proprement baisé".
"Cher collègue, que comptez vous faire de votre petite commission?"
Réponse:"J'ai tout en billets de 500 francs suisses dans ma serviette, comme nous rentrons à Paris en Jet privé, les contrôles sont très rares".
SUBITEMENT:Un grand silence:
Le Président de table fait-il un malaise?
Il est blanc comme neige et vacille sur sa chaise.
Le maître d'hôtel d'un pas empressé venait de surgir et a remis au Président des convives une dépêche AFP.
La bouche seiche, un rictus sur sa bajoue droite, le Président se lève péniblement et déclame mécaniquement sur un ton monocorde, la serviette lui pendant autour du cou, la petite valise coincée entre ses jambes:
"Messieurs et Cher Amis"
"Robert Louis DREYFUSS, d'après la dépêche de l'AFP que j'ai en main, vient de revendre ADIDAS pour 10 milliards d'Euros"!
Lucide, le banquier commente:
"Nous sommes partis pour de très longues procédures, qui nous mèneront, je pense, à la retraite forcée ou non".
Reprenant difficilement son souffle, tout en s'essuyant les gouttes de sueur qui perlent sur son front et visage livide, il pérore:
"TAPIE ne se laissera pas faire et se battra jusqu'au bout"
Prophète il ajoute:
"Il y en a pour des années de procédures"
"Enfin c'est l'Etat qui paiera, nos portefeuilles et malettes seront épargnées"!
"Il faut avouer que le plus malin a été Robert Louis DREYFUS, son sens du secret l'a une fois de plus servi".
A l'autre bout de la table, l'homme qui rapatriait les capitaux dans sa serviette et son "jet", dans un élan de bon sens et en temps que bon serviteur de l'Etat, philosopha et déclama à son tour:
"Enfin Messieurs, nous avons fait notre travail, car tout réfléchi, le présent western, ne coûtera pas un sou aux contribuable!"
"Vous n'êtes pas sans ignorer que notre peuple est mis à contribution, dans le cadre de l'activité de défaisance du CDR,à hauteur de 8.000 francs par foyer assujetti à l'impôt".
Le Président reprend des couleurs et commande son troisième cognac, les autres convivent se calent à nouveau sur leur siège et jettent dans l'herbe les glaçons qu'ils avaient commandés pour réduire leur subite migraine.
l'homme au "jet privé" reprend:
"Je récapitule: CDR, seulement 8.000 euros par contribuable, si nous n'avions pas subtilisé son Bien à TAPIE, le CDR aurait eu une impasse financière plus importante, qui pouvait mener nos concitoyens à une contribution beaucoup plus élevée, nous avons été de "bons commerçants",nous le CDR, avons revendu ADIDAS avec un petit milliard de plus-value"
Le Président de la table:
Dans un râle de mourant:
"Cela est bien vrai, c'est la vraie vérité"!!
L'homme au "jet", très en verve subitement:
"TAPIE en a pour 10 ou 15 ans de procédures, avant de toucher éventuellement une indemnité, qui ne se montera certainement pas à un milliard, faut pas exagérer!!"
Prophète il continue:
"Hypothèse TAPIE encaisse à la fin de ce processus 400 millions d'Euros,eh bien le solde sera positif pour le CDR de 600 millions, que demande le peuple?".
Et de poursuivre:
"TAPIE est loin d'être un crétin, il va, comme dans beaucoup d'affaires à ce niveau,solliciter ses relations pour se faire aider efficacement à obtenir dédommagement", normal, non?"
Là, tout le monde ôpine du crâne chauve, l'atmosphère se détend à nouveau.
Toutefois, le Président de table, fraîchement soti du "brouillard",a l'air bien sombre tout en se sentant de nouveau apte à raisonner, il déclare donc haut, mais pas fort:
"Messieurs,imaginons deux minutes que TAPIE "force" un peu au niveau de ses "relations", nous pratiquons également ainsi".(divers accords dans la vente ADIDAS)
Il poursuit:
"Et que la Justice s'en mêle, alors là, il fera plus chaud à Paris qu'au bord du Léman","c'est pour cela que j'ai décidé de rester ici ce soir".
L'homme au jet privé très sûr de lui:
"Le dossier ADIDAS est une chose et l'Arbitrage final en est une autre"
Le Président de table, soutenu maintenant par une ravissante jeune femme slave,fournie par l'hostellerie, bondit comme un jeune homme au début d'une brillante carrière, se dresse et d'un ton ferme s'adresse à "Watson le jet privé":
"Mon Cher Watson, nous ne sommes pas sortis de l'auberge, car, tant en suivant un raisonnement moral (là Watson suffoque"), qu'en suivant un raisonnement uniquement emprunt du Droit Français, je ne puis être d'accord avec votre affirmation:ADIDAS c'est ADIDAS et l'ARBITRAGE c'est l'Arbitrage".
"Non Watson,Ce dossier ne contient aucun épisode qui ne serait relié au suivant ou au précédent"
"Il s'agit d'une chenille dont la tête est l'acquisition par TAPIE d' ADIDAS et dont la queue au final est l'ARBITRAGE",j'ajoute qu'il sera très difficile d'invoquer la ou des prescriptions, car de nombreux actes judiciaires et autres jalonnent toute cette affaire,donc juridiquement, le tout pourra "remonter" jusqu'à nous"
"Quant au plan moral, avouez tout de même, mon Cher Watson, que TAPIE s'est fait entourlouper"
le Président de table, fier de sa prestation, se rassoit,Watson semi-comateux, commande un cognac de plus, la nouvelle "amoureuse" du Pésident de table, le gratifie de:
"Tu as été formidable mon chéri"
"Quelles fougue et verve"
"demande du champagne pour tout le monde"
Et le Président de lui répondre:
"le Droit et la Morale ne sont pas tes spécialités, mais regardes la bouille de nos convives et tu comprendras qu'il vaut mieux que je commande une tisane pour chacun, ils ont du mal à digérer le repas et ce que je viens d'exposer"."
"Je te demande aussi d'appeler tes copines, car ce soir tout le monde reste dans cette hostellerie et il faudra du cran à tes collègues pour remonter, non pas les bretelles mais le moral de ces Messieurs"
Ils attendent tous des nouvelles de France!
Gérard BURGGRAF observateureconomique